
La dégradation de l’environnement et le changement climatique ont une incidence croissante sur les menaces qui pèsent sur la paix et la stabilité dans le monde. Jusqu’à présent, l’attention s’est principalement portée sur l’étude des liens entre le climat, l’environnement et les conflits, tandis que les programmes et les pratiques en matière de consolidation de la paix et de conservation sont restés relativement cloisonnés. En 2019, nous avons choisi Conservation International (CI) comme premier partenaire environnemental afin de contribuer à combler ce fossé.
Le partenaire
Conservation International (CI) est une grande organisation internationale qui travaille dans 29 pays et dispose d’un réseau de plus de 2 000 partenaires. Elle adopte une approche globale de la conservation qui inclut la recherche scientifique, l’élaboration de politiques, la mobilisation mondiale (y compris le financement de l’adaptation au changement climatique) et des programmes opérationnels avec les autorités locales, les populations autochtones, les organisations de la société civile et les entreprises. Dans le cadre de son engagement à garantir le bien-être humain tout en protégeant la nature et l’environnement, CI explore depuis 2012 les liens entre son travail de conservation et les questions de paix et de conflit. Le Centre pour les communautés et la conservation (CCC) de CI fournit un leadership et des conseils techniques sur l’intégration des considérations relatives aux conflits et à la paix dans l’ensemble de son travail.
Le processus de soutien
Le partenariat entre PeaceNexus (PN) et CI a débuté en 2019 par une série de consultations et l’animation d’un premier atelier et d’un processus de conception d’une feuille de route. CI a défini sa vision globale du succès de ce programme comme étant la garantie que les questions de conflit et de paix soient considérées comme faisant partie intégrante de son travail de conservation, avec une attention et des ressources allouées à la discussion, à la gestion et au traitement proactif des conflits dans le cadre de sa mission de protection de la nature, de la biodiversité mondiale et du bien-être humain. Trois objectifs spécifiques ont guidé les efforts d’intégration de la sensibilité aux conflits de CI à ce jour et le soutien de PN à ceux-ci :
- Renforcer l’engagement interne sur les questions de conflit dans l’ensemble des programmes et des équipes de CI ;
- Soutenir la mise en œuvre opérationnelle, adaptée au contexte, des réponses aux conflits et à la paix dans le cadre du travail de conservation d’un certain nombre de pays pilotes ;
- Influencer le secteur de la conservation au sens large afin qu’il soutienne le financement et la mise en œuvre d’un travail de conservation et de consolidation de la paix environnementale sensible aux conflits.
Résultats à ce jour
CI a réalisé des progrès impressionnants sur ces trois objectifs. La prise de conscience au sein de l’organisation de la pertinence des questions liées aux conflits pour le travail de CI et de la mesure dans laquelle il s’agit d’un défi commun dans les programmes nationaux s’est accrue. L’équipe CCC a fourni un renforcement des capacités et des conseils techniques sur la sensibilité aux conflits à plusieurs équipes nationales et thématiques, notamment par le biais de projets et de propositions de financement avec CI Pérou et d’un soutien sous forme de bourses aux partenaires de CI Kenya. La demande pour ce type de collaboration interne continue de croître. CI a également mis à disposition, grâce au soutien du PN, de petites subventions qui ont permis à trois programmes nationaux au Brésil, en Chine et en Nouvelle-Calédonie de mener des initiatives spécifiques en matière de sensibilité aux conflits. Celles-ci se sont concentrées sur différents défis, tels que le renforcement des compétences du personnel de conservation en matière de médiation des conflits, l’utilisation de l’analyse des conflits pour informer l’engagement communautaire autour d’un parc national, ou l’intégration de la sensibilité aux conflits dans le cadre des solutions climatiques naturelles. Le travail entrepris dans le cadre des programmes nationaux a été un moteur important d’apprentissage pour CI sur ce à quoi ressemble concrètement le programme de conflit et de paix, et a contribué à soutenir des demandes de financement fructueuses pour la poursuite de ce travail. Le personnel du CCC a également collaboré avec d’autres équipes afin d’intégrer une perspective de conflit dans les politiques et les outils interorganisationnels. À l’externe, CI a activement partagé les enseignements tirés de son travail avec l’ensemble du secteur et a consolidé sa réputation d’agence de premier plan en matière de conservation sensible aux conflits et de consolidation de la paix environnementale.
Perspectives d’avenir
Au cours de la troisième phase du partenariat PN-CI, l’accent sera mis sur l’obtention de ressources supplémentaires pour le travail intégré sur les conflits, la paix et la conservation, tout en renforçant l’engagement des équipes nationales et thématiques sur ces questions. CI souhaite également consolider la visibilité des questions de conflit et de paix au sein de l’organisation et auprès du reste du secteur.
Crédits photo : 1) Pete Oxford, légende de CI – Le fleuve Essequibo, le plus long fleuve du Guyana et le plus grand fleuve entre l’Orénoque et l’Amazone. Prenant sa source dans les montagnes Acarai, près de la frontière entre le Brésil et le Guyana, l’Essequibo coule vers le nord sur 1 010 km à travers la forêt et la savane jusqu’à l’océan Atlantique. 2) Esteban Barrera, CI, légende : a facilité la réunion inaugurale du Conseil des femmes de l’Amazonie, marquant des décennies de travail acharné pour provoquer un changement culturel afin que la voix des femmes puisse être entendue.